Bonjour ou bonsoir,

Je vais volontairement employer la première personne dans cet écrit qui s’adresse à toutes et à tous.

Lorsque j’ai fondé Ant Editions, il y a un an de cela, j’avais conscience que le secteur éditorial de la bande dessinée n’allait pas dans le bon sens pour ses acteurs principaux, les autrices et les auteurs.

Un an après, nous arrivons à une situation qui ne va pas en s’améliorant, bien au contraire.

Le CPE (Conseil Permanent des Écrivains) rassemblant les organisations d’autrices et d’auteurs, vient d’adresser une lettre ouverte aux dirigeants politiques, invités aux États Généraux du Livre et qui n’ont pas donné suite. J’ajoute cette lettre ouverte à ce message afin que vous puissiez en prendre connaissance également.

Les autrices et les auteurs sont en crise et, par l’absence de nos dirigeants politiques à ce type de rendez-vous importants, se sentent encore une fois ignorés, méprisés.

Si les dirigeants politiques ne font rien, il est néanmoins essentiel à ce que les autres acteurs du secteur fassent quelque chose.

Aussi, je m’adresse ici à toutes et à tous.

Comme le dit une expression triviale, « ce n’est pas la taille qui compte », montrons que derrière cette initiative modeste, il y a une volonté de faire changer les choses.

Je m’adresse ici aux éditrices et éditeurs. Derrière les livres que vous éditez, il y a des autrices et auteurs. Acceptez-vous qu’ils soient précarisés alors que vous avez vous-même la possibilité d’améliorer leur situation en proposant des contrats plus justes ?

Je m’adresse ici aux libraires. De plus en plus d’auteurs essayent de s’affranchir du système mis en place. Des éditeurs se lancent aussi dans diverses initiatives. Accordez leur une place dans vos rayonnages, montrez aussi tout votre soutien aux auteurs sans qui vos rayons seraient bien vides. Vous êtes une profession incontournable pour la défense du livre et aucun algorithme ne peut se substituer à vous et à ce rôle.

Je m’adresse ici aux organisateurs de salons et à leurs financeurs. Grâce à vous, le public peut rencontrer les auteurs. Mais pensez que sans les auteurs, l’existence même de vos salons n’aurait aucun sens. Accordez une place aux auteurs et aux petites structures éditoriales, accueillez les dans de bonnes conditions en pensant que les autrices et auteurs qui viendront s’assoir derrière vos tables sont des personnes qui sacrifient de leur temps familial, professionnel ou personnel pour être présentes. Ne faites pas de vos salons de simples foires à la dédicace, innovez en proposant une véritable valeur ajoutée culturelle (interventions rémunérées des auteurs par exemple).

Je m’adresse aux journalistes, spécialisés ou non. La BD ne se résume pas qu’aux grosses sorties ou à un festival annuel. Parlez de ce métier finalement bien mal connu, parlez de ses difficultés. Et à vous, journalistes spécialisés, laissez une place dans vos colonnes à toutes les initiatives, aux auteurs et éditeurs qui se bougent pour faire changer les choses. Vos médias ne doivent pas être cantonnés à être de simples catalogues de chroniques, alimentés par les services presse des gros éditeurs.

Je m’adresse enfin aux lectrices et aux lecteurs. Vous êtes les consommateurs de l’industrie du livre et vous seuls pouvez véritablement, par vos choix, faire bouger le système. Soutenez les auteurs. Relayez cette grogne. Vous détenez le pouvoir économique dans ce système, faites en bon usage.

A toutes et à tous, je vous invite, chacune et chacun, à votre niveau, à soutenir cette belle profession aujourd’hui en péril.

Merci.

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