Se passer des ogres du numérique

Lorsque j’ai lancé Ant Editions, je m’étais engagé de ne pas mettre les ouvrages en vente sur certaines plateformes en ligne.

Bien sûr, cela ne veut pas dire une interdiction de vente : des vendeurs tiers ont parfaitement le droit d’être sur ces plateformes et vendre ces titres… Mais, si vous les trouvez, vous savez qu’ils n’ont pas été fournis par Ant Editions.

Je me souviens avoir eu plusieurs remarques sur le sujet : “T’es fou, tu vas perdre des ventes”, “C’est incontournable”, “Tu vas couler”, etc. J’ai préféré tenir bon et rester droit dans mes baskets par rapport à ce sujet, même si, parfois, je doutais.

Quel système voulons-nous ?

Avec Vivre en Macronie, j’ai eu des demandes pour mettre les albums sur ces plateformes mais j’ai souhaité continuer à défendre ces valeurs.

Bien sûr, il ne s’agit pas ici d’aller donner des jugements de valeurs et des bons et des mauvais points. Oui, sur certains aspects, c’est pratique, pour certains commerçants, c’est même indispensable et dans certains cas, professionnellement ou pour des particuliers, incontournable (par exemple, il y a une fourniture que je ne trouvais que sur une plateforme bien connue.

En revanche, quand on a la possibilité de faire autrement, autant le faire. Nous avons tous une responsabilité dans notre société et, malheureusement, ces structures géantes détruisent plus d’emplois qu’elles n’en créent, ne sont pas réputées pour leurs conditions de travail, encouragent aussi à une surconsommation tout en ayant recours à du suremballage. 

Puis, d’un point de vue purement pragmatique, les conditions commerciales ne sont pas folichonnes (et surtout, en étant dépendant uniquement de ces plateformes, les vendeurs peuvent se retrouver pris au piège). Donc, quitte à accorder des ristournes commerciales à des tiers, je préfère amplement qu’elles aillent dans les poches d’un petit indépendant qui va payer avec le club de sport de ses mômes ou manger dans un resto en ville plutôt que d’ajouter quelques euros à des fortunes colossales.

On fait quoi alors ?

Mine de rien, la situation sanitaire permet de changer de logiciel et, de plus en plus, je vois des éditeurs annoncer qu’ils vont renoncer à telle ou telle plateforme, au profit de la librairie de proximité.

Comme toujours, il a fallu une crise pour qu’on commence à réfléchir un minimum sur des changements de mentalité. Oui, c’est mieux que rien, mais j’espère surtout qu’on passera le stade du simple symbole.

Là, tout en continuant à envoyer les préventes de Vivre en Macronie, je commence à réfléchir à l’après. Je pense qu’on aurait tout intérêt à créer de véritables partenariats entre petites structures, éditeurs comme libraires. On a une occasion en or pour repenser, à nos modestes échelles, le système de la chaîne du livre.

Aller plus loin

Pour l’instant, je suis encore au stade de la réflexion. Je commence à avoir pas mal d’idées mais les concrétiser ne sera pas facile.

Actuellement, je suis confronté au plafond de verre des entreprises : j’ai du travail pour au moins deux à trois personnes, sauf que je suis tout seul… Et, bien évidemment, pour pouvoir développer davantage la structure, il me faudrait des sous et un local (les sous sans le local ou le local sans les sous ne serviraient à rien).

Alors, en attendant, je m’accroche et je continue à bosser sur le présent (sans oublier les futurs projets éditoriaux).

Si vous voulez soutenir un peu plus la démarche, vous pouvez retrouver Ant Editions sur Tipeee… Ou simplement visiter la boutique en ligne.

(PS, pour la référence : les oiseaux sur la photo s’appellent des amazones.)

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