Une question récurrente
Lors de mes interventions scolaires, il y a un sujet qui revient très souvent : les soussous ! On y aborde le prix unique du livre, la marge, le coût de réalisation d’un livre, les droits, etc. J’ai remarqué qu’il était assez compliqué de parler des marges car elles évoluent énormément selon les circonstances… D’ailleurs, c’est aussi un véritable casse-tête de mon côté quand je dois préparer un budget.
Commençons par le point de départ : la loi du 10 août 1981 (dite « loi Lang ») oblige tous les vendeurs à respecter le prix du livre fixé par l’éditeur, autrement dit, le même livre sera vendu au même prix, que ce soit sur une plateforme en ligne, une librairie sur les Champs-Elysées ou une grande surface en Lozère (remise libraire de 5% possible et loi s’appliquant uniquement aux livres neufs, encore exploités ; l’occasion et le déstockage ne sont pas concernés).
Maintenant, regardons un peu comment cela se traduit sur le terrain. Vous allez voir que la marge est clairement différente d’un endroit à l’autre.
Pour cet exemple, je vais prendre celui d’un livre de mon catalogue vendu 15 €.
Pour faciliter l’explication, la marge éditeur comprendra le paiement de la TVA, le paiement des droits, le remboursement des frais de réalisation du livre. Il ne s’agit donc pas d’un bénéfice net, loin de là !
Je ne compte pas non plus le temps passé (par exemple, le temps passé pour expédier un colis n’est pas le même que celui consistant à vendre un livre sur un salon situé à deux heures de route). De même, pour simplifier les calculs, je n’entre pas dans les détails des frais liés à Paypal ou le paiement par carte sur un salon.
Quelques exemples concrets
Cas de figure 1 :
Festival où je suis invité de A à Z (transport, repas, hébergement… bref, la totale). Le livre est à 15 €, je touche 15 €, ça entre direct dans la tréso !
Cas de figure 2 :
Festival où j’ai des frais (transport, repas, hébergement, stand…). Les premiers livres vendus servent uniquement à rembourser ces frais. Plus les frais de départ sont élevés, plus il faudra vendre des livres. La marge peut donc être nulle… ou la présence à perte !
Cas de figure 3 :
Livre vendu en librairie, via mon diffuseur. Grâce à lui, tous les libraires peuvent commander mes ouvrages. Bien évidemment, tout cela a un coût, il y a la part du diffuseur et du libraire à prendre en compte. Grosso modo, cela revient à la moitié du prix du livre. Je touche donc 7,50 €.
Cas de figure 3 bis :
Avant d’avoir un diffuseur, il me fallait expédier, à mes frais, les albums. Compte tenu des frais postaux, je ne touchais guère plus que 2 € sur un livre.
Cas de figure 4 :
Livre acheté sur le site. Là, c’est le coup de masse niveau frais postaux (il faut prévoir un envoi coûtant entre 6 et 8 €). Le client prend en charge une partie de ces frais postaux et moi le reste. Là, nous sommes aux alentours des 10 € de marge.
Cas de figure 5 :
Le livre acheté en prévente. Il faut ajouter aux frais postaux, la commission de la plateforme. L’ajout de quelques goodies permet de compenser en partie ce surcoût. La marge est malgré tout plutôt aux alentours des 9 €.
Cas de figure 6 :
Le livre acheté sur une marketplace. Pour avoir un peu de présence numérique, c’est un point à ne pas négliger… mais clairement pas rentable. Entre la commission de la plateforme et les frais postaux, la marge est nulle !
Comme vous le voyez, le même livre permet de dégager 15 €… ou 0 ! Je vous laisse imaginer le casse-tête budgétaire.
Et, comme rappelé en introduction, cette marge ne va pas totalement dans la poche de l’éditeur.
Elle va servir à régler la TVA, les droits et tous les frais liés à la réalisation du livre (paiement des planches, maquette, correction, impression…). Selon le projet, selon le tirage, ces frais se situent sur une fourchette allant de 3 à 7 €. Autrement dit, les premiers livres vendus servent uniquement à rembourser ces frais ! Plus un livre se vendra, plus ces frais seront globalement réduits.
Il faut aimer les maths quand on édite des livres, vous ne croyez pas ? ^^