Ahhh, la gratuité !

C’est quand même vachement pratique la gratuité, ça ne coûte rien.

Vous avez de la chance car l’article d’aujourd’hui est justement… gratuit !!!

Trêve de plaisanteries. Je vais vous parler de la démarche de Ant Editions, la place du gratuit / du payant dans cette démarche éditoriale.

L’association de parents d’élèves de Trifouillis-les-Oies vient d’envoyer un message pour obtenir quelques bouquins gratuits qui serviront de lots lors d’une fête scolaire. Il n’y a certainement aucune mauvaise intention derrière mais il faut penser qu’un livre offert de cette façon est un livre qui fait perdre de l’argent à l’éditeur… et aux auteurs ! En effet, l’objet livre a un coût et un exemplaire donné est un exemplaire fabriqué, moyennant finances, pour rien. Sans oublier qu’un exemplaire donné est un exemplaire non vendu, sur lequel les auteurs touchent par conséquent… rien !
Et les concours allez-vous certainement dire ? Les dotations en lot sont comprises dans un budget de communication plus vaste, et, spécificité d’Ant Editions, les exemplaires gagnés dans des concours sont considérés comme des exemplaires vendus pour les droits d’auteurs. Le coût du livre et les droits d’auteurs sont donc inclus dans ce budget de communication. Vous vous doutez bien que pour des questions budgétaires, ces opérations restent minoritaires.

 

On constate aussi que les autrices et auteurs sont souvent sollicités pour des dessins gratuits par ci, par là. J’aime bien faire quelques comparaisons :

– Bonjour ami dessinateur, tu peux me faire un dessin pour ma bannière de blog, ça te fera de la pub ? = Bonjour ami restaurateur, tu peux me préparer le repas de ce soir, j’invite des amis, ça te fera de la pub ?

– Bonjour amie dessinatrice, je lance un projet humanitaire, tu peux me faire des visuels pour que je puisse les vendre pour le financer ? = Bonjour ami boulanger, je lance un projet humanitaire, tu peux me faire des baguettes pour que je puisse les vendre pour le financer ?

– Bonjour copain dessinateur, j’organise un salon, j’ai tout dépensé en budget décoration, communication et animation, tu peux intervenir gratuitement ? = Bonjour copain traiteur, j’organise un salon, j’ai tout dépensé en budget décoration, communication et animation, tu peux nous servir gratuitement ?

– Bonjour copine dessinatrice, j’aime beaucoup ce que tu fais, tu pourrais passer à la maison et me faire un dessin à l’occasion ? = Bonjour copain plombier, j’aime beaucoup ce que tu fais, tu pourrais passer à la maison et me réparer ma fuite dans les toilettes à l’occasion ?

 

Vous avez compris où je voulais en venir, inutile de vous faire un dessin ? (huhuhu)

Pourtant, cela paraît très naturel que les autrices et auteurs travaillent bénévolement, sur leur temps libre, qu’elles et qu’ils soient, sur n’importe quelle opération, les seuls prestataires à ne pas être payés pour leur travail.

C’est pour cela, sans aller dans le débat (sensible) des dédicaces payantes ou non sur sur les salons de BD, que nous proposons à la vente, en plus des albums, des crayonnés, des dédicaces, des illustrations,… Cela permet de rémunérer les autrices et les auteurs pour leur travail, en toute transparence.

 

C’est aussi pour cela que je pense que verser des droits d’auteurs sur chaque exemplaire vendu permet également de réparer en partie cette injustice : quand un auteur dédicace un de nos albums sur un salon, il sait qu’il touchera quand même quelques euros dessus ; même si l’on sait, qu’idéalement, sa présence pourrait être rémunérée (mince, on vient de dire qu’on ne lançait pas le débat sur les dédicaces payantes !).
Blague à part, je sais que ce sujet est vraiment sensible et que, dans le système actuel, cela impliquerait la mort de nombreux salons, tels qu’ils existent pour le moment. D’un autre côté, il paraît tout à fait normal aux financeurs de payer les boissons, les petits fours, la décoration et même le type sur des échasses qui se promène dans les allées. Il y a un sacré chantier de ce côté-là, une sensibilisation du public, des organisateurs, des financeurs, peut-être revoir l’essence même des salons : des rencontres, ayant un véritable apport culturel et non des foires à la dédicace.

 

Et là, peut-être que l’une ou l’un de vous lève le doigt pour signaler que nous avions évoqué la mise à disposition gratuite de nos ouvrages en version dématérialisée.
C’est vrai ! Je pense que la culture doit être accessible à toutes et à tous et pouvoir permettre à tout un chacun de lire l’ouvrage va dans le bon sens. Rien n’empêche, par la suite, à acheter l’album papier ou, pour les plus modestes, de faire un don, même symbolique pour permettre à cette démarche de perdurer.
Ces dons servent uniquement au financement des livres et par conséquent à leur amortissement (qui, je vous le rappelle, permet alors de reverser de plus gros pourcentages en droits aux autrices et auteurs).

 

PS : Aucun billet de 500€ n’a été malmené dans cet article, pour la simple et bonne raison que nous n’en avons pas.

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