Comme promis, je vous fais un bilan de cette campagne Ulule à partir de vos retours, de vos et nos ressentis, d’interrogations diverses.

Le lectorat

Vous avez été formidables. Très compréhensifs pour les délais notamment. C’est rare donc il faut le souligner : il n’y a pas eu une seule personne ayant été désagréable, pressée, exigeante (et je crois que beaucoup de campagnes Ulule aimeraient cela ^^).

Un grand merci à toutes et à tous, pour avoir soutenu le projet mais également pour avoir fait preuve de cette grande patience et de cette immense compréhension : nous sommes loin d’avoir les moyens d’une multinationale pour tout boucler en une semaine !

Les chiffres

On va parler de ruissellement et de pognon de dingue.

Vos commandes représentent :

Tome 1 : 1 422 exemplaires

Tome 2 : 1 510 exemplaires

Tome 3 : 2 276 exemplaires

Magnets : 1 159 commandés (en plus des goodies prévus)

Dédicaces : 175

Le projet a récolté un peu plus de 86 000€.

Une fois que l’on retire la commission Ulule, il reste grosso modo dans les 80 000.

On peut séparer ces 80 000€ en 4 postes de dépenses d’une valeur assez proche :

20 000 : Imprimeur

20 000 : Fournitures dont affranchissement postal

20 000 : Auteur

20 000 : Editeur

L’imprimeur a coûte un peu moins cher que les 20 000 annoncés mais a nécessité aussi des frais de stockage des albums.

La partie fournitures / frais de port était la plus difficile à estimer. Une simple perte de colis engendre des frais en plus non négligeables. Pour vous donner une petite idée, les envois du mois d’octobre ont coûté plus de 4 000 € et uniquement pour les colis envoyés en Fréquenceo, cela ne compte ni les Colissimos, ni les autres modes d’affranchissement. L’envoi d’un seul livre coûte 4€ minimum par la Poste (merci à l’Etat pour son super soutien sur la vente en ligne, les tarifs prohibitifs restent la norme… sauf certains gros ogres du numérique qui ont des tarifs préférentiels).

La somme allant à l’auteur est une somme brute. Allan n’a toujours pas prévu de fuir au Delaware et devra s’acquitter de tout un tas de prélèvements avant de pouvoir plonger dans sa piscine à vague sertie de feuilles d’or. Malgré tout, je suis super content qu’on arrive à redistribuer cette somme à un auteur : c’est bien la preuve qu’on peut arriver à créer un système du livre plus vertueux, plus éthique, plus égalitaire.

Les 20 000 restants vont (presque) dans ma poche. Quand j’ai créé Ant Editions, j’ai personnellement investi environ 15 000€ (statuts, création du site, petite trésorerie d’avance, matériel…). L’année dernière, j’ai enfin réussi à me rembourser cette somme mais je bossais bénévolement sur Ant Editions, en complèment d’un travail salarié. Cette année, je peux vous l’annoncer, la somme collectée va me permettre de me verser un petit peu plus qu’un smic de novembre 2020 à novembre 2021 et, par conséquent, ne pas avoir à avoir un second emploi à côté. C’est loin d’être Byzance mais je fais un truc qui me plaît, je sais pourquoi je le fais et au moins, j’ai le droit d’envoyer bouler mon chef. ^^

Les valeurs

En créant Ant Editions, j’avais vraiment envie de défendre certaines valeurs : des valeurs environnementales, des valeurs sociales, des valeurs sociétales.

Pour la partie environnementale, je suis assez satisfait du bilan, à part deux aspects :

Le programme de reforestation : On en est déjà à 2 600 arbres plantés. C’est chouette et je compte bien ne pas m’arrêter là !

Les matières utilisées : Vous avez remarqué que votre emballage ne contenait aucun plastique. Le carton utilisé peut être réutilisé si la Poste n’a pas été trop bourrine ou être sinon recyclé. J’ai actuellement stocké aussi pas mal de cartons qui contenaient les livres.

A terme, faudrait que j’arrive à pouvoir les donner à des associations ou des particuliers en ayant besoin (déménagement par exemple) ; bon, la période sanitaire ne permet pas trop de prospecter mais si vous avez des idées, je suis preneur.

Malheureusement (premier point négatif), le zéro plastique n’a pas été possible : pour le transport, les palettes étaient stockées sous un film plastique, de même que les paquets de livres dans les cartons, certaines fournitures étaient aussi protégées par du plastique. Pour en avoir discuté avec d’autres créateurs d’entreprises, dans d’autres domaines, cette problématique se retrouve systématiquement dans la chaîne du transport.

Fabrication française : On a (presque) réussi à tout faire en France et, pour l’impression, à bosser avec une PME se fournissant en papier issu de forêts gérées durablement. Seuls les magnets ont été fabriqués en Italie du Nord. Pourquoi ce choix ? Tout simplement parce que les rares sociétés françaises faisant du magnet personnalisé sous-traitent en Chine (donc, avis aux amateurs : il y a une niche à créer en France pour la fabrication de magnets personnalisés ^^).

Les autres sociétés françaises sont sur des formes assez basiques ou font à la demande des formes personnalisées mais à des tarifs que ne renieraient pas un syndicat lycéen créé par Blanquer.

Transport : Grâce à cela, on a considérablement évité des transports trop importants. Le second point négatif reste malgré tout sur l’aspect logistique des envois, avec de multiples voyages à la Poste, des colis acheminés par différents modes de transport. Malheureusement, sur du produit physique, on peut difficilement faire autrement.

La suite

On ne va pas se mentir mais faire des colis pendant des journées, c’est loin d’être passionnant. En plus, ça m’a énormément bloqué pour travailler sur d’autres projets.

Là, je vous avoue, j’ai atteint une sorte de plafond de verre : Ant Editions a toutes les capacités pour créer, en plus du mien, un ou deux emplois… Mais, cela demande à la fois des locaux et des sous pour payer ces salaires. En plus, je suis un très mauvais patron : je me suis fixé comme objectif d’utiliser mon salaire comme mètre-étalon, donc de ne pas avoir de gros écarts salariaux dans l’entreprise et de pratiquer une politique salariale juste. Autrement dit, je ne vais pas user de stagiaires, je n’ai pas envie de payer les gens au lance-pierres, bref, tout ce qu’il ne faut pas faire pour le MEDEF. ^^

Pour l’instant, dans l’état actuel des choses, c’est assez dur de se projeter. Idéalement, arriver à créer une structure plus solide, pouvoir investir dans un local et avoir au moins un renfort salarié serait parfait.

(Puis aussi boucler une campagne sans être au milieu d’une épidémie mondiale, ça doit être plus relaxant quand même)

Avec toutes ces conditions réunies, les délais pourraient être plus courts. Mais arrêtons de rêver et j’ai quand même pensé à un plan B pour les futures campagnes. Je pense qu’il y avait encore trop de logistique à prévoir et il va falloir réfléchir à des packs sans rien (juste les albums, pas de goodies) et ensuite faire des formules-types, en anticipant en plus au maximum : avoir l’album quasiment bouclé à la fin de la campagne, pouvoir prévoir les envois de façon plus étalée dans le temps ou peut-être sous-traiter cette logistique (mais sur ce point, j’ai toujours la crainte du travail mal fait).

Sinon, la question que tout le monde se pose (si, si, je le sais) :

Les futurs projets !

Comme Manu a l’air de vouloir rester, on va partir sur un tome 4. Je pense qu’on lancera la campagne au plus tard en mai 2021, comme la précédente.

Pour Ant Editions, je travaille aussi sur d’autres projets : les morts insolites à travers l’Histoire (projet qui me tient personnellement à coeur, étant scénariste dessus – il a pris pas mal de retard mais le dessin et la couleur avancent bien maintenant), un projet de réédition pour un album super sympa (je n’en dis pas plus, rien n’est signé) et d’autres projets proposés que j’ai vraiment envie de défendre. Peut-être que certains d’entres eux vous séduiront.

J’arrête là la tartine. Je vous dis donc à très bientôt.

🙂

X